L'UBB peut-il devenir l'un des cadors du rugby européen ?

L'UBB peut-il devenir l'un des cadors du rugby européen ?

Catégorie : rugby

Equipes associées : Union Bordeaux-Bègles

Mis à jour le : 15/05/2025 21:16

Depuis son retour dans l’élite en 2011, l’Union Bordeaux Bègles (UBB) a su se forger une place solide dans le paysage du rugby français. Mais la saison 2024-2025 marque un tournant. Pour la première fois de son histoire, le club disputera une finale de Champions Cup, après avoir éliminé le Stade Toulousain, quintuple champion d’Europe. Cette performance historique (re)lance le débat : l’UBB peut-elle réellement s’installer parmi les grands clubs européens ?

Une montée en puissance progressive

Le projet girondin ne s’est pas construit en un jour. Depuis plus d’une décennie, l’UBB a gravi les échelons du Top 14, sous la direction de Laurent Marti, président depuis 2007. L’arrivée de Christophe Urios en 2019, puis de Yannick Bru en 2023, a marqué une nouvelle phase du projet sportif. Ce dernier a insufflé une rigueur nouvelle dans l’organisation du club.

Lors de la saison 2023-2024, Bordeaux a disputé sa première finale de Top 14 (défaite face à Toulouse) et a terminé la saison régulière à la 3e place. Un an plus tard, l’équipe franchit un nouveau cap en se qualifiant pour la finale de Champions Cup, grâce à une victoire nette 47-29 face au Munster en quart, puis un succès retentissant contre Toulouse (35-18) en demi-finale, à Bordeaux.

Un effectif calibré pour le très haut niveau

L’UBB a considérablement renforcé son effectif ces dernières saisons. L’arrivée de Damian Penaud en provenance de Clermont à l’été 2023 a incarné cette ambition. Matthieu Jalibert, figure de proue du club et international français, est désormais solidement installé à l’ouverture. Louis Bielle-Biarrey, 21 ans, est devenu l’un des ailiers les plus prometteurs d’Europe.

Le club s’appuie sur une ossature de joueurs internationaux ou très expérimentés, à laquelle viennent s’ajouter des jeunes formés localement comme Nicolas Depoortère. À l’issue de la saison 2024-2025, l’UBB est l’une des meilleures attaques de la compétition européenne comme le rapporte EPCR Stats avec 29 essais inscrits en 6 matchs avant la finale.

Des moyens financiers en hausse

Selon le classement des budgets publié par L’Équipe en septembre 2024, l’UBB disposait d’un budget de 35 millions d’euros, soit le 4e plus important du Top 14, derrière Toulouse, La Rochelle et le Racing 92. Ce budget en constante progression repose sur une solide billetterie, des recettes commerciales en hausse et l’engagement de partenaires institutionnels comme la Métropole de Bordeaux.

L’affluence moyenne à Chaban-Delmas dépasse les 27 000 spectateurs cette saison d’après le média Rugbyrama, un chiffre qui place l’UBB parmi les meilleures affluences d’Europe derrière le Leinster et Toulouse. La question d’un passage au Matmut Atlantique pour les grands rendez-vous refait surface, même si le club reste attaché à l’ambiance de son stade historique.

Une ambition européenne assumée

Depuis 2022, l’UBB a affiché sa volonté de s’installer durablement sur la scène continentale. En témoignent les déclarations de Yannick Bru en conférence de presse après la victoire en demi-finale face à Toulouse :

« Nous avons construit une équipe pour rivaliser avec les meilleurs. Aujourd’hui, nous avons franchi un cap mental et tactique. » (via la Conférence de presse EPCR, avril 2025)

Le club ne cache pas son ambition de remporter la Champions Cup d’ici 2026, un objectif qui semblait irréaliste il y a encore trois ans. En 2024, l’UBB avait déjà atteint les quarts de finale. Cette progression régulière place désormais Bordeaux dans le cercle restreint des clubs européens capables de viser le titre chaque saison.

Un environnement favorable mais exigeant

Si le potentiel est réel, le défi reste de durer. La concurrence est féroce, en France comme à l’étranger. Des clubs comme le Leinster, La Rochelle, le Stade Toulousain ou les Bulls disposent d’une expérience européenne bien plus vaste. Le défi pour Bordeaux sera de stabiliser ses performances au plus haut niveau tout en continuant à intégrer des jeunes du centre de formation.

Par ailleurs, le modèle économique devra rester solide. Le départ à terme de Laurent Marti, qui a déjà évoqué sa volonté de transmettre le club à moyen terme, pourrait ouvrir une nouvelle ère. Une gouvernance claire et des ambitions réalistes seront nécessaires pour éviter un essoufflement du projet comme il a pu l’évoquer lors de son entrevue avec le média bordelais Placéco.

De la promesse à la confirmation

L’UBB dispose aujourd’hui de tous les ingrédients pour devenir un cador du rugby européen : un effectif compétitif, un encadrement structuré, des moyens financiers en hausse et une base populaire solide. Sa présence en finale de Champions Cup n’est pas un hasard, mais le fruit d’un projet mûri depuis plus de dix ans. Reste à transformer l’essai sur la durée. Car dans le rugby de haut niveau, le plus difficile n’est pas d’y arriver, mais de rester au sommet.

N.C